La Conquête de la Coupe de France 1954

Après deux saisons exceptionnelles (champion de France 1951, et doublé Coupe-Championnat l’année suivante) le Gym est rentré dans le rang en 1953, flirtant même longuement avec les dernières places et finissant 13e de division 1 avec seulement 4 points de mieux que le 18e et dernier. Petite consolation en Coupe (1/4 finaliste).

La saison 1953-54 doit relancer le club et le recrutement sera conséquent. Il ne reste que trois titulaires du doublé 1952 (Gonzalez, Poitevin, Nurenberg) plus le "remplaçant de luxe" Carniglia qui, à deux ans d’intervalle, va jouer à chaque fois un rôle primordial. Mais d’excellents joueurs sont arrivés : les déjà internationaux Cuissard (là depuis l’année précédente) et Ujlaki, plus les futurs sélectionnés Fontaine et Mahjoub ou encore le gardien Hairabedian qui confirme sa bonne saison précédente. L’entraîneur est nouveau lui aussi, il s’agit de l’Anglais George Berry.En fait, cette équipe aura un déficit de régularité, enchaînant très rarement deux succès consécutifs.

Accroupis : Fronzoni, Ujlaki, Antonio, Carniglia, Fontaine, Nurenberg.
Debouts : Berry (entraîneur), Cuissard, Gonzalez, Mahjoub, Poitevin, Hairabedian, Ben Nacef, Muray (masseur).

A la veille de son entrée en Coupe, elle a perdu 2 fois à domicile…mais gagné 2 fois à l’extérieur. Tant et si bien que les Niçois sont à 4 points du leader Lille, mais les 8 premiers se tiennent en 5 points. En 32e de finale, le 17 janvier 1954 à Bordeaux, le Gym va pulvériser les Lensois 5-0 (Belaid, Braga, Fontaine, Ujlaki, Nurenberg). Un mois plus tard (14 février) nous sommes à 9 points du leader bordelais et jouons notre 1/16e à Cannes contre les amateurs de Blénod (9e sur 12 de leur groupe de 4e division) et… c’est miracle si nous ne sommes pas menés à la mi-temps ! Nous serons incapables de les battre et devrons rejouer le 21 à Dijon où après avoir mené 5-0 au repos (Fontaine, Braga, Mahjoub, Braga, Lenfant), nous gagnerons 6-3 (dernier but pour Nurenberg).

Le 8 mars à Marseille, en 1/8e nous affrontons le Stade Français. L’équipe parisienne n’est qu’à 1 point de la zone des reléguables, mais en se repliant massivement en défense elle va résister 63 minutes avant que Belaid ne parvienne à tromper Colonna (futur champion avec Nice deux ans plus tard). Ce sera le seul but du match et le buteur niçois avouera : « Sachez que j’ai fermé les yeux et frappé le plus fort possible !».

En championnat les derniers petits espoirs se sont envolés et, de plus, notre adversaire des 1/4 de finale n’est autre que le toujours leader Bordeaux qui nous devance de 11 points. On reparle alors de la finale 1952 (Nice avait gagné 5-3 contre les Girondins) et tout le monde est persuadé que les "marine et blanc " vont enfin prendre leur revanche. Eh bien non ! Nos aiglons vont encore s’en sortir ! Mais le premier match va être très houleux. Joué le 28 mars à Colombes, le score est toujours de 0-0 à la 58e quand l’avant centre bordelais De Harder échappe à Huguet et centre, notre arrière Poitevin, en voulant dégager le ballon d’une tête plongeante, le touche de la main, nos adversaires protestent mais l’arbitre M. Kohler fait signe de jouer et sur la contre-attaque Braga centre pour Ujlaki qui de près reprend et ouvre le score ! L’arbitre déclarera : " Je n’ai pas vu de faute de main et entouré par les joueurs bordelais qui protestaient je n’ai pas vu le but niçois, mais j’ai fait confiance à mon juge de touche qui m’a confirmé sa validité ".

Les dirigeants adverses envahissent la pelouse et demandent à leurs joueurs de la quitter, mais après 15 minutes de réflexion ils changent d’avis et le jeu peut reprendre. M. Kohler calme les esprits en acceptant de poursuivre le match malgré l’abandon du terrain. L’égalisation viendra sur un penalty obtenu 4 minutes plus tard. Le match se durcit et Nice passe près de la défaite à deux reprises. A la 86e Hairabedian détourne un tir d’Abdesselem, puis le même joueur tire à côté du but vide à 4 minutes de la fin des prolongations. Il faut donc rejouer (pas de tirs au but en ce temps là). Le second match se déroule le 1er avril, toujours à Colombes et les "rouge et noir" gagneront facilement 3-0 (Fontaine, Nurenberg, Mahjoub). Chez les Bordelais la déception est immense et affectera leur moral à tel point qu’ils laisseront échapper pour un point le titre national au profit des Lillois.

Nos aiglons vont battre en 1/2 finale, le 25 avril à Marseille, les Troyens alors en tête de la division 2. Césari l’ancien niçois, et vainqueur avec nous de la finale 1952, ouvre le score à la 30e. Nous égalisons par Mahjoub (61e) et Carniglia nous envoie en finale à la 69e. Cette finale se joue le 23 mai à Colombes et notre adversaire est l’Olympique de Marseille qui vient de terminer le championnat à la 14e place (Nice a fini 8è). Les "blancs" ont éliminé successivement Grenoble, Reims (seul club de D1 rencontré), Strasbourg, Rouen et Sedan. Ce dernier grâce à un but à la dernière seconde du célèbre Gunnar Andersson.

Les vingt premières minutes seront entièrement niçoises. Une action Ujlaki-Cuissard-Fontaine se termine par un centre de ce dernier et la reprise d’une magnifique tête plongeante de Nurenberg qui signe le 1-0 à la 6e minute. A peine cinq minutes plus tard, le buteur niçois reçoit le ballon, le passe en talonnade à Carniglia qui d’un tir tendu trompe à nouveau Angel. Puis nos joueurs vont ralentir et attendre les Marseillais qui ne seront guère dangereux jusqu’à la mi-temps.

Au retour des vestiaires Nice contrôle la situation, mais une accélération d’Andersson à la 55e va permettre aux Phocéens de revenir à 2-1. Leurs assauts pour égaliser sont désordonnés. A la 82e minute Scotti gâche une occasion facile. Il ne reste plus que deux minutes à jouer et dans un ultime effort le même Scotti parvient à lober Hairabedian, le ballon retombe dans le but niçois au moment où Gonzalez d’un magnifique ciseau retourné parvient à renvoyer la balle qui frappe le dessous de la transversale et revient en jeu. Palluch reprend alors le ballon qui se dirige tout droit sous la barre quand Carniglia d’une tête dégage en corner ! Sur celui-ci Scotti reprend de volée et tire dans les bras de notre gardien.

C’est fini, l’OGC Nice vient de remporter sa deuxième Coupe de France.

"Pancho" Gonzalez se souvient :

« Nous sommes passés très près de la catastrophe contre Blénod lors du premier match. C’est vraiment ce qui m’a marqué jusqu’à la victoire. Justement, trois souvenirs restent vivaces pour cette finale. En premier lieu la blessure de notre demi Mahjoub qui organisait le jeu et qui, comme l’on ne remplaçait pas les joueurs à l’époque, est resté sur le terrain mais vraiment diminué. A partir de là, les Marseillais se sont enhardis mais sans vraiment dominer outrageusement. Ensuite, bien sûr, mon ciseau. Je fais toujours la même réponse : je ne sais vraiment pas si le ballon a entièrement franchi la ligne ! Et pour finir l’histoire de la locomotive : les supporters Marseillais, qui étaient certains de gagner, avaient peint tout en blanc la motrice qui les transportait à Paris. Avec leurs slogans "Droit au but" en bleu et des sardines en carton recouvert d’aluminium qu’ils brandissaient fièrement. Le train qui nous ramenait à Nice devait s’arrêter à Marseille car la ligne électrifiée s’y arrêtait et il fallait finir le trajet avec une locomotive à vapeur. M. Charles qui, je crois, était chef à la gare de Nice, vint alors nous chercher avec une machine peinte en rouge et noir et décorée comme il se doit (voir photo ci-dessus). Vous pouvez imaginer la tête des marseillais… »

Dossier préparé par Michel Oreggia

Trois autres vainqueurs se souviennent

Avec "Pancho", trois autres vainqueurs se souviennent, Hairabedian, Poitevin et Nurenberg.

Issa Nissa : Quel souvenir avez-vous des tours qualificatifs ?
Hairabedian : Que nous avons eu « chaud aux fesses » contre Blénod !
Poitevin : Le premier match contre Blénod a été vraiment le plus dur !
Nurenberg : En particulier un, le match contre Blenod où on a péniblement obtenu un match nul (0-0). Après, en match d’appui, on leur a passé 6 buts.

Et de la finale ?
Hairabedian : une joie inoubliable bien entendu. La blessure de Mahjoub qui a dû s’exiler à l’aile gauche et par la suite la pression marseillaise. Et surtout le retourné de Pancho suivi de la tête de Carniglia !
Poitevin : Une grande satisfaction, Marseille nous a posé beaucoup moins de problèmes que Bordeaux dans la finale 1952 qui reste mon meilleur souvenir.
Nurenberg : J’en garde un très beau souvenir avec un magnifique sauvetage de Pancho sur la ligne.

 
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