Alain Wathelet, Passion Rouge et Noir

Issa Nissa tient à rendre hommage au formidable parcours des moins de 17 ans lors de la saison 2001/2002. Des aiglons qui ont réussi l’exploit de se hisser en Finale du Championnat de France et en Finale de la Coupe Gambardella. Nous avons rencontré Alain Wathelet, leur entraîneur. Entretien avec un passionné.

Issa Nissa : Alain, pouvez-vous vous présenter aux supporters ?
Alain Wathelet : J’ai 38 ans. J’ai joué 14 ans à l’OGC Nice. De débutant a stagiaire pro, à l’époque de Sérafin, Curbelo, Dominguez etc. J’ai joué par la suite 7 ans en deuxième division dans divers clubs. J’ai continué 6 ans en amateur en tant qu’entraîneur–joueur. Mon retour à l’OGCN date de septembre 1999, avec Christian Damiano, en tant qu’entraîneur adjoint de l’équipe première. Une expérience courte puisque que Christian n’aura entraîné l’équipe pro que 3 mois. J’ai ensuite atterri au centre de formation, ou je m’occupe depuis lors des 17 ans.

Dès l’age de 16 ans, j’ai commencé a entraîner, et ce jusqu'à 27 ans, tout en continuant ma carrière.

Vous vous occupez de la formation des jeunes. Quel est votre objectif vis-à-vis d’eux ?
Déjà, c’est que le maximum d’entre eux parvienne à faire une carrière professionnelle. C’est un travail de longue haleine, les joueurs arrivent vers 14 ans, et signent pro à 20 ans. Nous n’avons pas la récompense immédiatement comme avec une équipe pro. Je ne fais pas de projection de match en match. Si on perd une rencontre, ça ne va pas révolutionner ma méthode de travail. On continuera à bosser à l’entraînement, et par le travail on ne perdra pas les suivants.

Cette année on va essayer de rééditer les résultats de la saison passée, mais ça sera très difficile. En 20 ans, il n’y a que 3 clubs a avoir participé aux 2 finales dans la même saison, on en fait partie, c’est déjà beau.

Parlez-nous du formidable parcours en Gambardella.
Il est parti d’eux. En début de saison, lors de notre stage d’une semaine, on s’était fixé un objectif : 1/4 finale, un objectif déjà assez haut car le Gym ne passait pas les 1/8è ces dernières années.

Les joueurs sont partis concentrés sur cet objectif, alors que le mien était surtout sur le championnat. Mais j’ai privilégié la Gambardella pour eux. On a abordé chaque match de Gambardella comme une rencontre de professionnels. Je pense que l’aventure s’est enclenchée contre Monaco (1-1, qualification aux tirs au but). Après ce match ils se sont sentis très forts, et on a gagné à Lyon, à Montpellier, à Rennes, face à Martigues, et malheureusement on s’incline 0-1 en finale dans un match très serré face a Nantes.

Apres la finale perdue et face aux difficultés financières du club, 3 jeunes ont été vendus à Lens. Ce n’est pas rageant pour l’entraîneur que vous êtes ?
Ça me gêne. C’étaient des super mecs, des affinités s’étaient créées entre nous, le message passait de façon continue dans le groupe. Financièrement on était obligé, mais c’est vraiment dommage, car dans 2 ou 3 ans… ils vaudront le triple. Maintenant on a failli ne pas être là, leur départ nous a sauvé.

Parmi les jeunes du centre de formation, combien réussiront une carrière professionnelle ?
La question est difficile. Dans le système général, il y en a 2 sur 20. Quand il y en a plus, c’est que c’est une bonne génération. Pour l’équipe qui a fait la Gambardella, je pense qu’il y en aura un peu plus. Les trois qui sont partis ont de bonnes chances, plus quelques uns qui sont restés au club, et sur les jeunes qui poussent derrière, 2-3 sont vraiment très bien.

Cette année nous avons au centre de formation trente sept 18 ans en Nationaux et Ligue. C’est dur à gérer d’avoir tant de joueurs. Le problème c’est que l’on sait déjà que certains ne perceront pas au plus haut niveau. On les côtoie depuis qu’ils sont en débutants pour certains, et le moment où il faudra leur annoncer qu’on arrête, c’est un moment très dur.

Est-ce que vous ambitionnez d’entraîner une équipe pro ?
Non. Pas maintenant. J’ai commencé à entraîner les jeunes dans des clubs moins huppés. Ensuite j’ai entraîné les seniors jusqu’en DH. J’ai eu la chance de revenir entraîner à l’OGC Nice au centre de formation.

Je pense que je suis trop jeune encore ; de plus ma modeste carrière pro ne me permet pas de m’imposer vis-à-vis du groupe. Ce qu’il faudrait, c’est que je sois costaud au niveau des séances, de la tactique, du management du groupe, et je pense qu’il me faut encore 4 ou 5 ans de centre de formation pour ne pas me planter. Pour l’instant je m’éclate avec les jeunes, ça me plait, c’est vraiment un métier passion.

Le football fait partie de moi et sera toujours là. J’avais la même passion quand j’entraînais à 20 ans. Certains se découvrent la passion d’entraîneur à la fin de leur carrière, moi je l’ai eu dès le début.

Comment se passe le recrutement des jeunes ?
Jusqu'à maintenant on était déficitaire vis-à-vis de Cannes et Monaco. Maintenant la montée en Ligue 1 nous facilite les choses. On vient de mettre une structure en place au niveau régional. De préférence on va recruter ici. Si je peux lancer un appel aux clubs de la région : envoyez-nous vos meilleurs joueurs. Laissez les sur la Côte, à Nice, Cannes ou Monaco. Quel intérêt d’envoyer un jeune de 14 ans à Auxerre ou Bordeaux, seul, loin de sa famille ?

L’exemple de Lyon est excellent : l’Olympique Lyonnais bénéficie de centres de préformation dans toute la ville, qui les dispatche dans tous les clubs du département selon leur niveau, les meilleurs allant à l’OL. On voit le résultat aujourd’hui…

Malheureusement, à l’heure actuelle, certains éducateurs préfèrent envoyer loin d’ici leurs jeunes, uniquement pour ne pas renforcer l’OGCN, que leur club rencontre dans les championnats régionaux. Gagner un match de minimes est-il plus important que d’offrir une chance à un jeune niçois d’être pro à l’OGCN ?

On a vu de nombreux jeunes de 14 ans talentueux partir loin d’ici, dans des grands clubs français, revenir 2 ans plus tard complètement anéantis. De plus, un jeune a plus de chance de pouvoir jouer en pro à Nice, que dans des clubs prestigieux comme Lyon ou le PSG. Actuellement nous sommes en L1, avec un petit budget. C’est la situation idéale pour qu’un jeune du centre puisse percer.

Le seul souci à l’heure actuelle est que l’OGC Nice a beaucoup de pros cette saison, et nos jeunes ne vont donc pas beaucoup évoluer en CFA. Je suis frustré pour eux, cela freine quelque peu leur progression. J’espère que le club arrivera à prêter 3-4 pros, cela libérera des places pour quelques jeunes qui sont en pleine confiance, dans la lancée de la super-saison que l’on a réalisé l’an passé.

Un pronostic pour le match de ce soir ?
On va gagner ! Grandement. 1-0.

Quelle est la question que vous auriez aimé que l’on vous pose ?
A l’époque de la "guerre" entre la SAOS et l’Association, on m’a reproché d’être du coté de Christian Damiano. Cette guerre interne, je ne me suis jamais senti concerné. On m’a dit " toi tu fais partie de tel clan ". Je ne vois pas les choses comme ça, on peut avoir des relations avec plein de monde, sans pour autant être mis dans un clan.

Tout cela semble enterré, j’espère surtout que ça ne reprendra pas. Le club a failli y passer. Cohen, Ferracci etc., les " ennemis " d’hier se sont tous unis pour sauver l’OGC Nice. On vibre tous pour le maillot rouge et noir. Alors pourquoi cette guerre ?

C’est dommage de constater qu’il ait fallu attendre que l’OGCN soit déclaré quasi-mort, pour que toutes les composantes du club prennent conscience du problème.

Il y aura peut-être certaines difficultés cette saison, et c’est là que nous devrons tous être unis. On a récupéré l’OGCN dans un corbillard, actuellement on est dans une ambulance. Espérons que nous allons finir la saison en taxi !

Un dernier mot pour les supporters.
Qu’ils continuent d’être derrière l’équipe comme lors des derniers mois. Ce que j’aimerais bien aussi, c’est que plus de niçois viennent voir les matchs de jeunes, que ce soit CFA ou 18 ans. A cet âge là, les joueurs jouent sans retenue, sans calcul à un très bon niveau technique et tactique. Scotto, Gagnier, Ayeli et d’autres sont passés par ces équipes là, alors les supporters qui viennent voir jouer ces jeunes-là, applaudissent peut-être les futures stars du Gym.

Lorsque l’on a joué Nantes en finale au Stade de France, les supporters canaris étaient venus nombreux soutenir leur équipe. J’aimerais bien qu’on arrive à ça à Nice. J’invite donc tous les supporters du Gym à venir voir ne serait-ce qu’un match de notre équipe des 18 ans, qui évolue la plupart du temps le dimanche au Stade Charles Ehrmann. Je suis certain qu’ils seront conquis par ces jeunes rouge et noir et reviendront.

Alain merci, et encore bravo pour le formidable
parcours de votre équipe la saison passée.

Propos recueillis par Alexandre DEBBACHE et Christian BLANCHI

 
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