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Daniel Le Deunff, Conseillé Municipal subdélégué aux sports à la Ville de Nice
Issa Nissa : Monsieur Le Deunff, pourriez-vous vous présenter ?
Daniel Le Deunff : Je suis né en 1948, en Bretagne, à Locquirec, pas très loin de Guingamp.
Un an après je suis venu à Toulon puisque mon père était dans la marine. Il était capitaine de vaisseau et commandait l’atelier de torpille de la Méditerranée. Nous sommes restés douze ans. Après la retraite de mon père, de retour en Bretagne, j’y ai fait mes études. Puis pour raisons professionnelles je suis parti vivre en Normandie de 1968 à 1992. J’ai été inspecteur d’assurances chez AXA. J’étais sportif de bon niveau (2h30 au marathon) et j’ai eu mon diplôme d’entraîneur 3ème degré ce qui m’a permis d’entraîner des sportifs de haut niveau en athlétisme comme le Djiboutien Ahmed Salah (deux victoires et deux 2ème place en Coupe du Monde de marathon, deux fois médaillé olympique) et d’autres athlètes français et étrangers. J’étais athlète, entraîneur, président de club et secrétaire de la Ligue d’Athlétisme de Normandie. Puis j’ai eu envie de retrouver le soleil de la Côte d’Azur.
Je m’intéressais déjà à la politique en Normandie (à Rouen avec Jean Lecanuet) et quand je suis arrivé à Nice j’ai été séduit par certaines interventions de Jacques Peyrat, nous nous sommes rencontrés et il m’a mis sur sa liste, et voilà comment je suis élu de la ville de Nice depuis 1995.
Vous êtes « Conseiller Municipal subdélégué aux sports », en quoi consistent vos attributions ?
Avec Bernard Orengo, nous nous partageons le travail et nous nous entendons parfaitement. De part ma formation je m’occupe surtout de tout ce qui touche à la partie technique, aux subventions et au budget du sport. Bernard s’est occupé également de dossiers importants comme l’OGC Nice et le rugby.
Vous faites également partie d’autres organismes ?
Oui depuis le 1er janvier 2002, conseiller à la Communauté d’agglomération, à la commission sport. Je suis Président de l’Entente des élus aux sports du département, structure qui nous permet de réfléchir sur les problèmes du sport en général au niveau de l’intercommunalité et dans notre propre commune. Je suis aussi Président d’un club service axé sur le sport, le « Panathlon Club de Nice », issu du Rotary et créé par des sportifs avec, entre autres, comme dirigeants M. Maurice Cohen, Bernard Orengo, Jean Monnot et Richard Papazian, tous deux de l’O.N.N. Nous faisons des actions à caractère social envers des sportifs qui sont dans le besoin, ou en aidant les associations d’handicapés sous forme de don de matériel par exemple.
Vous avez participé à de nombreuses réunions OGC Nice - LFP, vous avez connu les différentes équipes dirigeantes, avec le recul quel est votre sentiment ?
Au moment du passage du club d’association Loi 1901 à celui de SAOS, le virage a peut-être été mal négocié. Nous aurions dû nous mettre en S.E.M. Ce qui aurait permis à la ville de stabiliser le club avant de le céder à des actionnaires pour une transformation en SAOS (puis SASP). Le seul reproche que j’ai à l’encontre de M.Mandaric c’est que, n’étant pratiquement jamais là, il ne pouvait probablement pas être au courant de tout et la grosse tuile a été le rachat par M. Sensi. Malgré son image en Italie (Président de la Roma) celui-ci m’a semblé plus intéressé par d’éventuels projets immobiliers que par l’OGCN. La situation s’est dégradée quand M. Sensi a mis en place M. Salvi. En effet, on a pu se rendre compte que ce dernier ne connaissait pas bien le football français. Les relations Mairie-Sensi se sont détériorées petit à petit. Heureusement l’année dernière nous avons eu un entraîneur qui, à mon sens, n’était pas mauvais et une autre personne qui a travaillé sans faire de bruit et qui a apporté son savoir, je parle bien entendu de Gernot Rohr. Nous avons eu la période triste et sans rapport avec le sport de « Challenge Associés », mais au fond cela a permis d’arriver à la situation actuelle.
Avez-vous eu peur que le club disparaisse ?
Oui, j’ai senti que la Ligue, la DNCG, étaient vraiment très méfiants avec nous. Il faut préciser que nous n’avions bien souvent que des paroles à présenter, nous n’étions pas sûr du tout de ce qu’il y avait derrière. Nous n’avions plus la confiance de personne à Paris. Malgré les éléments positifs apportés en première instance cela n’a pas suffit à nous redonner du crédit. Il leur fallait autre chose et je crois que l’élément très important a été le rôle joué par le maire Jacques Peyrat avec son implication totale dans le dossier.
Comment voyez-vous l’avenir du Gym ?
Nous avons un bon entraîneur, un bon Président et des joueurs sérieux et de qualité. Il faut rattraper le temps perdu, structurer le club, stabiliser la situation entre les actionnaires actuels et il semble que tout va dans ce sens et de plus un grand stade va être construit. Il reste à normaliser les relations entre la SASP et l’association amateur. A mon sens le club est un « groupement » de ces entités, qui doivent être en osmose. Une certaine logique doit être acceptée, celle définie par la section pro qui est la « locomotive » et notamment le centre de formation doit rejoindre la SASP. Nous aurons alors un club de football digne de la ville de Nice, comme nous le prouvent aujourd’hui les supporters et le nombre de gens qui vient au stade.
Parlons un peu du stade
M. Le Deunff : Le dossier est en cours. Il y avait 39 candidatures d’architectes. Nous en avons sélectionné 4. Je pense que vers mi-2003 nous pourrons choisir définitivement le projet et commencer les travaux mi-2004
Où irons-nous jouer durant la construction ?
Je pense que cette décision ne doit pas venir de la mairie. Elle doit venir du club, des supporters, et si l’on devait faire un choix aujourd’hui, la moins mauvaise solution serait Cannes. Monaco est difficile d’accès et de sortie, la pelouse ne tiendrait pas. Jouer à Nice c’est beaucoup trop de frais, Ehrmann même aménagé ne sera pas convenable pour le football. Cannes a un accès autoroutier, des capacités de parkings. Mais la vraie solution c’est que les travaux durent le moins possible et que nous retrouvions très vite le Ray.
Pour terminer parlez nous de la situation du sport en général à Nice.
C’est vrai qu’il y a un déficit d’installations, mais vous savez que le Maire a décidé de faire un effort important sur les salles et les terrains de jeux. Nous avons des équipes de très haut en water-polo, en volley-ball et en basket féminin. Les deux équipes (hommes et femmes) d’athlétisme sont montées en première division l’année dernière. Le sport de masse est bien représenté par 187 associations, qui font un excellent travail (tant sportif que social) dans les quartiers et qui méritent leurs subventions. Nous devons donc donner des structures et des moyens dignes de tous ces efforts. Un des grands projets est celui d’un stade nautique qui permettrait l’accueil de grandes compétitions de natation, de plongeons, de canoë-kayak et dans l’éventualité de Jeux Olympiques 2008 en France de poser notre candidature aux épreuves de voile par exemple.
La ville n’a pas vocation de subventionner des clubs professionnels ou semi professionnels (qui coûtent de plus en plus cher) d’autant qu’aujourd’hui ces aides peuvent atteindre 60 à 70% des budgets, ce qui est trop important. Mais je pense qu’il est légitime de continuer à aider les clubs qui ont l’ambition, les structures, et les capacités de se maintenir au plus haut niveau ? Dans la mesure où la ville est impliquée financièrement si fortement, elle doit faire des choix. Nous devons donner la priorité à ceux qui ont des résultats, une bonne gestion, un rôle social, et qui cherchent aussi des partenaires privés.
Propos recueillis par Philippe Bianconi et Michel Oreggia
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